Les femmes fashion victims - Billet d'humeur

Chaque mois, Dimitri nous livre un billet d'humeur sur ce qu'il pense des femmes. Pour la rentrée, qui marque aussi le retour d'un shopping frénétique qui nous mènera jusqu'à Noël, Dimitri s'amuse des fashion victims, prisonnières des dictats de la mode et de l'apparence.

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Cet été une pointe de nostalgie et un réel manque d’imagination auront eu raison de mon envie de liberté, de vie et d’aventure pour finalement me faire atterrir dans le temple du tourisme people de la côte d’Azur : Saint-Tropez.

Les idoles des badauds, venus se perdre dans les rues étroites de ce « port de pêcheur », une glace à la main, y roulent en Harley Davidson, naviguent en Yacht et s’aspergent de champagne au Niki Beach. Dans le port de Saint-Tropez, les divinités pissent comme je pleure sur une crise qu’ils ne croisent qu’à la télévision. Ils emportent dans leur sillage des fashions victimes qui s’abandonnent corps et âmes aux codes d’un monde de papier glacé.

Absorbé par ce théâtre tropézien, je me laisse entrainer jusqu’aux portes des « Caves du roi ». Bagnard consentant de ce pénitencier nocturne où il semble plus difficile de rentrer que de sortir, je jette mon dévolu sur une nymphe abandonnée par les dieux. Elle s’appelle Laura ; très apprêtée, elle est d’une beauté artificielle presque désarmante. Laura, qui « ne quitte jamais son petit sac à main Chanel noir », a un corps sculptural ciselé dans un marbre de soie dont je devine facilement les remaniements qu’elle lui fera subir pour lui faire garder cet air juvénile qu’il possède encore mais dont le temps aura raison, tôt ou tard...

Afin d’enjôler cette jolie captive je me fais passer pour un de ceux qui traversent le monde comme on se déplace sur un échiquier voguant d’un défilé à New York, à une soirée à Porto Fino. Elle semble conquise, son rire devient de plus en plus sonore, son port de tête se raidit, elle observe condescendante l’assemblée, enorgueillit par une conversation, qui à défaut d’être brillante intellectuellement l’est dans l’apparence. Laura se sent dans son élément : un monde idéal où tout brille et tout est net. Elle se voit déjà en «it-girl » assise entre Anna Wintour et Carine Roitfield.

Le piège de la vanité se referme sur la candide, un piège qui ne s’ouvrira qu’au levé du jour quand je ne serai plus qu’une ombre qu’elle distinguera passer le pas de la porte de sa chambre. Je me dis qu’être « fashion » est depuis la nuit des temps l’une des armes de séduction massive féminine avec laquelle les femmes exaltent, au regard des hommes, une beauté qu’elles espèrent fatale.

Ces douces créatures qui se mettent au diapason de la mode font très certainement chanter une gente masculine charmée par une féminité sublimée.

Mais quand cette inclinaison devient une obsession dont les codes sont dictés par les magazines, les people, les émissions de télé, et les blogs de jeunes femmes « indépendantes » qui ont perdu leur liberté d’expression à coup de propositions publicitaires, n’a-t-elle pas le goût amer d’une société de consommation où tout est dicté et rien n’est choisi ?

La mode ne serait-elle pas dévorée par une standardisation à outrance et un star-système vidé de son sens où le simple fait de paraître, à la télévision de préférence, suffit pour être ? Nourries dès l’enfance par des rêves de princesses, made in Disney, ces « fashion victimes » sont en quête d’un chevalier salvateur qui rappliquera fissa avec son cheval cabré et les emmènera dans un palais doré niché sur les hauteurs de Monaco. Et tant pis si le chevalier est loin d’être fringuant, le palais suffira. Si ces cendrillons trouvent un jour chaussures à leurs pieds, gageons que le prix à payer sera de travestir les années qui passent pour devoir finalement sourire, les lèvres gonflées, à des nouvelles jeunes prétendantes venues mettre la main sur un héritage qui leur semblait pourtant promis. D’autres, plus raisonnables peut-être, se contenteront de chercher la lumière, de manière plus furtive certes, mais toujours avec la même volonté affichée d’être à l’image de modèles factices qui n’ont plus rien à nous raconter tant ils sont éblouis par les crépitements des flashs et le succès facile.

Alors oui je dis m…aux « fashions victimes » qui loin d’affirmer avec élégance une féminité indépendante, s’offrent complaisantes au dictat de ceux qui depuis longtemps ont abandonné toute idée de liberté.

Par Dimitri

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