Unity Dow : Droit des Femmes

A 50 ans, Unity Dow est juge à la Cour suprême du Bostwana, cofondatrice de l'ONG Women and law in Southern Africa (WLSA), spécialisée dans le droit des femmes, notamment par rapport à leurs enfants. Nous poursuivons avec elle la série de portraits de ces femmes qui font bouger l'Afrique.

Née dans une ferme d'un petit village du Bostwana avec 4 frères et 2 soeurs, elle aimait l'école 'car cela voulait dire qu'on allait pas travailler dans les champs'. C'est sur les conseils d'un professeur qu'elle s'engage dans la carrière d'avocate.

Le Botswana n'est pas toujours facile à comprendre. Les femmes y sont très visibles : elles travaillent à l'extérieur de la maison, peuvent être propriétaires, ont une voiture... bref, elles paraissent libres de bien contrôler leur vie. Et pourtant, elles restent sous la domination des hommes.

Quand elles sont maltraitées par leur conjoint, elles accordent tellement la valeur au mariage et aux enfants qu'elles préfèrent préserver leur foyer. Et cela, même quand ce sont elles qui gagnent le pain quotidien de la famille.

C'est de manière tout à fait naturelle que je me suis intéressée aux droits des femmes. Simplement parce que je me sentais personnellement touchée. Au fil du temps, en marge de ma profession, je me suis d'ailleurs aussi impliquée dans plusieurs associations relatives aux Droits de l'homme en général, tant sur le plan national qu'international : The Urban Morgan Institute of Human Rights, International Women's Judges, International Women's Rights Action Watch, Amnesty International, Unicef and Africa Legal Aid.

En 1997, ce travail « militant » a permis à ce les violences conjugales soient prises en compte par la Justice mais aussi par la police lorsque les femmes portaient plainte. La loi a été réformée dans ce sens et c'est une grande victoire. Et désormais, la loi en vigueur qui porte mon nom, la « loi Unity Dow », donne des droits égaux aux hommes et aux femmes, en respectant la citoyenneté des enfants. La même année, j'ai été sensibilisée par ma sœ,ur infirmière sur les violences subies par les femmes séropositives. Elle m'a appelée à l'aide sur le plan juridique. Puis j'ai participé à la création « AIDS Action Trust and trustee », la première ONG spécifique à la lutte contre le Sida au Botswana.
Le gouvernement a aujourd'hui une politique très ferme en la matière. Il faut dire que 38% des Botswanais âgées de 15 à 49 ans sont séropositifs et dans la même tranche d'âge, 37 ,4% des femmes enceintes. C'est donc un problème de santé publique.

L'année 1998 a été le second moment déterminant de ma carrière. L'ex-président du Botswana, Quett Masire, m'a en effet nommée Juge à la Cour Suprême. Je ne m'y attendais pas du tout ! J'ai même pensé qu'il s'était trompé de personne. Quand j'ai réalisé qu'il s'agissait bien de moi, j'ai accepté car je ne suis pas du genre à fuir les challenges.

Divorcée, je suis très indépendante mais je n'aime pas être seule trop longtemps. Ma plus grande peur, c'est de vieillir seule, sans amant, mari, petits-enfants ou amis.
Mes enfants sont grands et j'ai maintenant du temps pour moi. Il y a tant de choses à faire. J'aime prendre le temps de lire. Le dieu des petites choses de Roy est sans doute le meilleur roman que j'aie lu depuis longtemps. Quand j'ai envie de me vider la tête, je fais du jardinage. J'adore ça.
Parmi mes projets, je compte continuer à écrire, m'investir d'avantage sur le plan international pour faire avancer le droit des femmes. Mais je ne veux pas quitter le Botswana. Jusqu'ici, j'ai eu la chance d'avoir une vie bénie. Je sens qu'il n'y a aucune limite à ce que l'on peut faire. Aller loin et au-delà, telle est ma devise. Si l'on suit son cœ,ur, tout est possible.'

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